11. Gouvernance et participation citoyenne

Apparue en Chine fin 2019, l’épidémie de COVID-19 a balayé le monde à une vitesse étonnante, obligeant les États européens à mettre en œuvre la plus vaste intervention sociétale d’urgence depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale: le confinement de leur population.

Maintenant que le choc initial et l’incrédulité sont passés, il est nécessaire de réfléchir à ce choix et à ses conséquences.

En effet, les politiques publiques ne sont pas seulement fondées sur la «science» et sur des données factuelles. Elles reposent également sur nos choix de priorités, qui découlent de l’importance que nous accordons explicitement ou implicitement à différentes valeurs et à différents enjeux. Dès lors, pour éviter le «somnambulisme» dans l’élaboration des politiques, nous devons considérer les conséquences du confinement, de nos politiques de sortie du confinement, et des changements sociétaux à long terme résultant de ces politiques, dans tous les domaines du social, du psychologique, de l’éthique, du politique, et pas seulement de l’économique et du médical. Pour ce qui est de l’avenir, il est impératif de prendre en compte tous les aspects de la société humaine lorsqu’il s’agit d’organiser la sortie du confinement ainsi que la période post-confinement.

Plus d’une centaine de chercheurs et chercheuses ont participé à cette réflexion. C’est à partir de celle-ci qu’au-delà des considérations générales (reconquérir le temps; appréhender la complexité, la société du flux; mettre l’économie au service de l’humain; développer un management humain; co-construire un futur désirable pour les jeunes et les générations futures; créer de nouvelles sociabilités; réfléchir aux bons usages des nouvelles technologies), nous proposons 13 recommandations sur le long terme pour une sortie sociale et humaine de ce confinement.

11. Gouvernance et participation citoyenne

La société a subi et subit encore la crise du coronavirus dans une posture de passivité imposée. Il importe de lui rendre sa faculté de réfléchir et d’agir, avec le soutien des universités et des associations, en l’inscrivant dans un processus de «société apprenante».

À cet effet, en vue d’un nouveau contrat social, nous recommandons la mise sur pied d’un débat démocratique public participatif comme partie intégrante du processus de sortie du confinement et au-delà. Ce débat associera toutes les composantes de la société (groupements institutionnalisés, groupements non institutionnalisés, y compris les groupes en situation de vulnérabilité). Il portera sur les buts premiers et la gouvernance des organisations qui structurent notre société en questionnant la logique du «tout à l’efficacité». Son but sera de concevoir et de proposer des solutions d’organisation durables d’un point de vue humain, social, environnemental et économique.

Carta Academica

13 mai 2020