9. Organisation de l’économie des activités et biens essentiels et aspects budgétaires

Apparue en Chine fin 2019, l’épidémie de COVID-19 a balayé le monde à une vitesse étonnante, obligeant les États européens à mettre en œuvre la plus vaste intervention sociétale d’urgence depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale: le confinement de leur population.

Maintenant que le choc initial et l’incrédulité sont passés, il est nécessaire de réfléchir à ce choix et à ses conséquences.

En effet, les politiques publiques ne sont pas seulement fondées sur la «science» et sur des données factuelles. Elles reposent également sur nos choix de priorités, qui découlent de l’importance que nous accordons explicitement ou implicitement à différentes valeurs et à différents enjeux. Dès lors, pour éviter le «somnambulisme» dans l’élaboration des politiques, nous devons considérer les conséquences du confinement, de nos politiques de sortie du confinement, et des changements sociétaux à long terme résultant de ces politiques, dans tous les domaines du social, du psychologique, de l’éthique, du politique, et pas seulement de l’économique et du médical. Pour ce qui est de l’avenir, il est impératif de prendre en compte tous les aspects de la société humaine lorsqu’il s’agit d’organiser la sortie du confinement ainsi que la période post-confinement.

Plus d’une centaine de chercheurs et chercheuses ont participé à cette réflexion. C’est à partir de celle-ci qu’au-delà des considérations générales (reconquérir le temps; appréhender la complexité, la société du flux; mettre l’économie au service de l’humain; développer un management humain; co-construire un futur désirable pour les jeunes et les générations futures; créer de nouvelles sociabilités; réfléchir aux bons usages des nouvelles technologies), nous proposons 13 recommandations sur le long terme pour une sortie sociale et humaine de ce confinement.

9. Organisation de l’économie des activités et biens essentiels, et aspects budgétaires

L’expérience COVID-19 que nous vivons nous montre à quel point il est nécessaire d’ancrer et maitriser localement la production et le contrôle des activités vitales et réellement essentielles. La société belge est dépendante de systèmes de distribution délocalisés et contrôlés par des puissances étatiques et des acteurs privés transnationaux. La vulnérabilité qui en résulte s’est révélée de façon fort claire et douloureuse, surtout dans le secteur des soins–mais certainement pas exclusivement là–, depuis l’apparition du virus.

Nous recommandons la promotion d’une économie réelle, solidaire, durable et non spéculative, axée sur la reprise du contrôle sociétal et local des activités essentielles et vitales, et, en particulier, sur la capacité de production indépendante et suffisante de l’ensemble des ustensiles, matériaux, tests, vaccins et médicaments nécessaires à combattre les épidémies.

Une telle économie doit être financée par le biais d’une politique fiscale juste et incitative.

Carta Academica

13 mai 2020